Sujet : AEF 24 septembre 2022 – Ecart de niveau en maths (Ined)
Sujet: AEF 24 septembre Ecart de niveau en maths (Ined)
L’écart de niveau en maths entre filles et garçons apparaît vers l’âge de 5-6 ans (Ined)
Une enquête de l’Ined rendue publique le 9 septembre 2022 permet de «connaître le moment précis» auquel l’origine de l’écart de niveau en maths entre les sexes apparaît. L’origine «innée» de ce «fossé mathématiques» paraît «peu probable», les maths étant «inaccessibles aux bébés et aux tout-petits» et ne «conduisant pas à un avantage pour les garçons» lorsqu’elles sont testées sur les tout-petits. Plus tard, vers 4-5 ans, «l’écart est inexistant» : mais vers 6-7 ans apparaît un «net avantage» en maths, en faveur des garçons, qui fait situer aux chercheurs à 5-6 ans l’âge de l’origine de l’écart.
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Deux chercheurs de l’Ined ont étudié un panel d’élèves issus de l’enquête Elfe afin de déterminer l’âge auquel l’écart de performance en maths entre filles et garçons apparaît. Dawid Malecki, Unsplash
À partir de quel âge apparaît l’écart de niveau en mathématiques entre les filles et les garçons ? Pour déterminer le moment auquel cet écart de performance apparaît, Jean-Paul Fischer, psychologue du développement à l’université de Lorraine, et Xavier Thierry, démographe à l’Ined, ont analysé les données de «plus de 2 000 élèves» issus de la cohorte d’une enquête<https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/bjdp.12423> (1) Elfe, ainsi que celles de «10 000 autres recrutés à titre complémentaire», âgés de 4 à 7 ans, et scolarisés en France en moyenne section et en CP.
Selon les chercheurs, cet écart «peut être vu comme l’expression d’une inégalité entre les sexes à l’école et dans la société», «considérée comme responsable de la sous-représentation des femmes dans les futurs métiers de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques»(lire sur AEF info<https://www.aefinfo.fr/depeche/238383>). Aussi comprendre «l’origine et les causes du développement» de cet écart pourrait permettre de l’éviter.
L’écart de niveau en maths entre filles et garçons : une «origine innée peu probable»
En préambule, les chercheurs constatent que «l’idée d’une origine totalement innée est difficile à défendre» :
* d’une part, parce que «les maths sont un sujet fondamentalement symbolique et abstrait, et donc inaccessible aux bébés et aux tout-petits»,
* d’autre part, car «même les maths non symboliques, lorsqu’elles sont testées sur des tout-petits, ne conduisent pas à un avantage pour les garçons».
Il en est déduit que «l’origine de l’écart ne devrait pas se situer avant l’âge de 3 ou 4 ans». Aussi a-t-il semblé «approprié» d’en étudier l’origine «entre 4 et 7 ans». La recherche porte donc sur cette tranche d’âge, et les données récentes de l’Elfe ont permis d’étudier «la présence et l’émergence» de cet écart.
La baisse du niveau des élèves en maths, une «tendance de long terme» (CNRS)
En vue des Assises des mathématiques qui se tiendront à Paris du 14 au 16 novembre 2022, le CNRS publie, mardi 13 septembre, une étude<https://www.assises-des-mathematiques.fr/etude-d-impact> sur l’impact économique des mathématiques en France, qui met à jour l’analyse conduite en mai 2015.
La baisse du niveau général des élèves en mathématiques dans l’enseignement primaire (CM1) et secondaire (4e) en France suit une «tendance de long terme», constate l’enquête, qui s’appuie notamment sur une enquête de la Depp (2), laquelle relève une baisse, depuis 1987, de la performance des élèves en calcul en fin de CM2. Le classement Pisa de 2018 relève également une baisse de 4 % du niveau général des élèves français de 15 ans entre 2000 et 2018 (lire sur AEF info<https://www.aefinfo.fr/depeche/617426>). Enfin, selon l’étude Timss, réalisée en 2019, les élèves de CM1 et de 4e ont un niveau en mathématiques inférieur à la fois à la moyenne de l’Union européenne et de l’OCDE. La France se classe même avant-dernière des pays de l’UE listés par l’étude (lire sur AEF info<https://www.aefinfo.fr/depeche/667670>).
Un écart de niveau qui apparaît «vers l’âge de 5-6 ans»
Deux résultats ressortent de cette étude : l’écart en faveur des garçons est «inexistant», à l’âge de 4-5 ans, et on observe même «un léger avantage pour les filles». Mais, vers l’âge de 6-7 ans, les chercheurs relèvent qu’un «net avantage pour les garçons en faveur des maths» apparaît. Aussi, en admettant «que l’écart en maths se développe avec une certaine régularité», Jean-Paul Fischer et Xavier Thierry fixent l’âge de l’origine de cet écart «autour de 5-6 ans», soit entre la moyenne section de maternelle et le CP.
L’enquête précise par ailleurs que cette émergence de l’écart entre sexes, vers 5-6 ans, est «spécifique aux maths» : aux mêmes âges, une «telle évolution dans les compétences langagières, qui restent supérieures chez les filles, n’est pas observée».
(1) L’enquête ELFE a comme objectif de suivre pendant 20 ans 18 000 enfants nés en 2011.
(2) Sur l’évolution des performances en calcul des élèves de CM2 à trente ans d’intervalle (1987-2017).